vendredi 26 août 2011

PERE CASTA, PARACHUTISTE, CORSE, ALGERIE, INDOCHINE, SAINT MICHEL, SAVOIE

Le père Casta est décédé.

                                   
Cérémonie religieuse le lundi 29 août 2011 à 15h00 en la cathédrale Saint-Louis des INVALIDES, l'église des soldats.
En suivant l'inhumation aura lieu en Corse, à Ste Monique de Pietro Sella près Ajaccio le 31 août 2011.

Aumonier militaire, officier parachutiste, le Père Casta était grand'croix de la Légion d'honneur. Cité à onze reprises, il était titulaire de la croix  de guerre 1939-1945, de la croix de guerre des théâtres d'opérations  extérieures et de la croix de la valeur militaire. Le Père Casta était
Pensionnaire à l'Institution Nationale des Invalides depuis 2006.

Homme d’église, il voulait servir son Dieu…Homme de guerre, il voulait défendre son pays…Il est devenu aumônier parachutiste…
"Homme de devoir, aumônier reconnu dans les différentes unités
parachutistes et à la11eDP, il a consacré sa vie au service de la France
et des parachutistes, ses fidèles.
Charismatique, au rayonnement
lumineux, homme exceptionnel, il a largement contribué à l'adoption de
Saint Michel comme patron des paras
"




MessageSujet: CASTA François: "L'épée et la croix"... 89 ans, il a vécu la Seconde Guerre mondiale, l'Indochine, l'Algérie. Il est à la fois corse, prêtre, et fut officier parachutiste   Jeu 28 Mai 2009 - 21:51


Un envoi de notre camarade Jean-Pierre Rondeau
François Casta. L'épée et la croix


D'Alger à Kaboul. Comment combattre sans haine la terreur qui frappe les civils?

Claude Jacquemart, le 21-05-2009 VALEURS ACTUELLES

Tout mettre en oeuvre pour arrêter le carnage du terrorisme urbain. Pour le juguler, l'anticiper. La recherche du renseignement est faite pour ça."

Cette instruction date de 1957...

Que faire d'un ennemi qui dépose au milieu d'une piste un bébé dans un couffin sous lequel se dissimule un obus piégé, destiné à déchiqueter l'homme qui voudra sauver l'enfant ? Comment traiter un prisonnier, membre d'un réseau de poseurs de bombes en ville, dont on sait que son silence peut coûter la vie à des dizaines d'innocents ?

Des générations d'officiers, en Indochine puis en Algérie, ont connu ce dilemme. Un cas de conscience aujourd'hui posé aux agents des services spéciaux américains en lutte contre les terroristes d'Al-Qaïda, comme aux soldats engagés en Irak et maintenant en Afghanistan.

Ce cas de conscience se trouve une nouvelle fois traité dans un ouvrage auquel la personnalité de son auteur confère toute sa valeur. Cet auteur, François Casta, a maintenant 89 ans, il a vécu la Seconde Guerre mondiale, l'Indochine, l'Algérie. Il est à la fois corse, prêtre, et fut officier parachutiste. Ainsi, plus que quiconque, a-til pu méditer sur le problème de ces guerres dites révolutionnaires où l'enjeu n'est pas, comme dans un conflit classique, la conquête d'un territoire ou la destruction d'une armée par une autre, mais le contrôle d'une population, par tous les moyens possibles, y compris la terreur.

Né le 20 août 1919 à Calenzana, en Haute-Corse, François Casta est appelé par sa vocation dès l'adolescence : il sera missionnaire. Il entre au séminaire, à Ajaccio puis à Clermont ; il est ordonné prêtre en juin 1943.

Mais l'armée l'attire également. Déjà, marqué par l'exemple du père de famille, grand mutilé de guerre, le frère cadet de François, Dominique, s'est engagé dans les chasseurs alpins en 1939, à 17 ans.Un an plus tard, son courage lui vaut de devenir le plus jeune caporal-chef de France.
Il poursuivra sa carrière dans la Résistance, les armées de la Libération et pour finir, en Indochine, dans les parachutistes coloniaux. L'abbé François Casta, lui, signe le 15 novembre 1944 un engagement pour la durée de la guerre au 1er bataillon de chasseurs portés (1er BCP), où il sera "brancardier détaché pour l'exercice du culte catholique". Un engagement qui va le mener loin.Au début de 1945, en Alsace, un éclat d'obus lui traverse la poitrine. Guéri, il rejoint son unité (les chasseurs portés sont devenus chasseurs alpins) et, le 8 mai 1945, il célèbre la messe de la victoire sur les rives du lac de Constance.

Il pourrait quitter l'armée. Il y reste. Promu sous-lieutenant, volontaire pour servir dans les parachutistes, il rejoint l'Indochine en mars 1947.
Et devient, en juillet suivant, l'aumônier du 1er bataillon parachutiste de choc. En septembre, il est breveté parachutiste. Il lui revient l'honneur de préparer le dossier qui fera de saint Michel, l'archange vainqueur du dragon, le patron des troupes aéroportées.

Bientôt aumônier du 1er régiment de chasseurs parachutistes (1er RCP), François Casta est promu capitaine en avril 1949. En 1952, il se trouve dans le camp retranché de Na San, au Tonkin, que 12 000 hommes commandés par le colonel Gilles sont chargés de défendre contre trois divisions Viêt-minh, trois fois plus nombreuses mais dispersées. Ces dernières se disloquent sur les défenses et la victoire reste aux Français. Une victoire
empoisonnée car, dix-huit mois plus tard, le haut commandement voudra renouveler l'expérience de Na San à Diên Biên Phu.

Cette défaite, François Casta aura la chance de ne pas la vivre. En avril, devenu l'un des officiers parachutistes les plus chevronnés du corps expéditionnaire, blessé deux fois, titulaire de plusieurs citations et promu officier de la Légion d'honneur, il est rapatrié. Après un long congé, il rejoint en Algérie le 3e bataillon étranger de parachutistes (3e BEP), en partance pour l'Indochine. Ne pouvant l'accompagner, il quitte les troupes aéroportées, avant de les retrouver en juin 1956, au sein de la 25e division parachutiste (25e DP).

Au cours d'un séjour de quatre ans en Algérie, François Casta va vivre toutes les expériences. Celle de la guerre traditionnelle, opposant des unités constituées, comme à Souk Ahras, cette bataille des frontières, en 1958, qui va durer dix jours. Celle, surtout, de la guerre révolutionnaire et psychologique, qui va soumettre sa conscience de chrétien et de prêtre à la plus dure des épreuves. Car il s'agit, dans ce type de conflit, d'aller débusquer le terroriste, le commissaire politique et les membres de l'organisation politique et administrative de l'ennemi au sein même des populations dans lesquelles ils s'abritent, selon la formule de Mao, « comme le poisson dans l'eau ». Avec tous les risques de débordements que cela implique.

Une mission remplie sans enthousiasme

Dès la fin de 1956, avant même le déclenchement de la bataille d'Alger, pour laquelle le général Massu et ses parachutistes recevront tous les pouvoirs afin de juguler le terrorisme, le père Casta rencontre Robert Lacoste, ministre résident en Algérie, afin de lui faire part de ses préoccupations.

Nommé par le président du conseil socialiste Guy Mollet, Lacoste lui montre un plan du "Grand Alger" : « À partir de cette carte, il fallait tout mettre en oeuvre pour arrêter le carnage permanent du terrorisme urbain. Pour le juguler, il fallait d'abord l'anticiper. La recherche du renseignement est faite pour ça. Pour l'obtenir, il faut, si le suspect refuse de parler spontanément, l'y contraindre. » Ainsi, le pouvoir civil a pris ses responsabilités. Aux militaires de prendre les leurs ! Une mission que les officiers parachutistes, formés pour le combat et non pour des tâches de police, rempliront avec efficacité, mais sans enthousiasme. Et dont ils porteront cependant, devant l'opinion publique de gauche, travaillée par les partisans de l'indépendance de l'Algérie, l'écrasante responsabilité.

Laquelle devait être étendue ensuite, dans un souci de culpabilisation collective, à toute l'armée française d'Algérie.

La réflexion de François Casta le conduit à distribuer en 1958, à dix exemplaires seulement, un document intitulé Conscience chrétienne et guerre révolutionnaire. En septembre 1960, il quitte l'Algérie, qu'il ne reverra plus, pour rejoindre la 11e demi-brigade parachutiste de choc (11e DBPC) à Calvi. En 1962, les éditions France-Empire publient ce document sous le titre le Drame spirituel de l'armée.Or,ce livre est interdit par le ministre des Armées, Pierre Messmer,bien que l'évêque d'Ajaccio, Mgr Llosa, lui accorde son imprimatur.

Seul le climat brûlant de l'époque (le développement de l'action de l'OAS, consécutive à l'échec du putsch des généraux en avril 1961) peut expliquer l'interdiction prise par le ministre. Loin en effet d'être un brûlot, l'ouvrage de François Casta, publié à nouveau aujourd'hui sous la même couverture que sa biographie, apparaît d'abord comme une analyse précise de la guerre révolutionnaire et de la méthode permettant d'y faire face. On y trouve aussi un ensemble de considérations sur les problèmes moraux posés à l'armée, et notamment aux officiers, dans la lutte contre une guérilla révolutionnaire. François Casta cite les instructions données aux jeunes officiers sortant de l'École d'application de l'infanterie pendant la guerre d'Algérie :«Tout chef, tout combattant, doit penser que le but final est de construire. [...] Les troupes "opérationnelles" ne doivent pas casser, en un jour, plusieurs mois de travail effectué par les unités de quadrillage.»

Ainsi, sur le terrain, le souci d'efficacité rejoignait-il la nécessité de conserver des repères éthiques. Cela n'empêcha pas des excès. François Casta témoigne qu'ils furent la plupart du temps le fait de troupes mal aguerries et mal encadrées, et non d'unités de choc commandées par des soldats d'élite dont beaucoup avaient connu la guerre d'Indochine. Ces mêmes repères s'imposaient encore plus dans la lutte contre le terrorisme urbain,puisque sans le renseignement, « toute action est non seulement vouée à l'échec, mais impossible ». Sans doute y eut-il alors, parmi les hommes engagés dans cette guerre différente des autres, de vrais sadiques. Il y eut surtout des soldats conscients de la grandeur et des servitudes du métier militaire, des officiers semblables au centurion de l'Évangile que le Christ, loin de le repousser en raison de son uniforme, enveloppe dans sa bienveillance en guérissant son serviteur.

Les officiers parachutistes lancés dans la guerre d'Algérie connaissaient tous la prière écrite par André Zirnheld, agrégé de philosophie, engagé dans les paras de la France libre, tué au combat en Libye : «Donnez-moi, mon Dieu, ce qui Vous reste / Donnez-moi ce qu'on ne Vous demande jamais. / Je ne Vous demande pas le repos / Ni la tranquillité / Ni celle de l'âme, ni celle du corps. / Je ne Vous demande pas la richesse / Ni le succès, ni même la santé. [...] / Je veux l'insécurité et l'inquiétude. / Je veux la tourmente et la bagarre / Et que Vous me les donniez, mon Dieu, définitivement. [...] »

En écho, la prière trouvée sur le corps du capitaine Bourgin, l'une des figures de proue de la Légion,profil de médaille et barbe de conquistador, soldat et poète qui publiait sous le pseudonyme "von Palaïeff ", tué en 1959 près de Souk Ahras à la tête de la compagnie portée du 2e régiment étranger de parachutistes (2e Rep) : « Les autres peuvent bien être sages, / Vous m'avez dit d'être fou. / D'autres croient à l'ordre, / Vous m'avez dit
de croire à l'amour. / D'autres pensent qu'il faut conserver, / Vous m'avez
dit de donner. [...] »

Jeanpierre, Bigeard, Saint Marc, Bourgin et bien d'autres : tous faisaient la guerre sans haine.Pour assister ces hommes,partageant leurs dangers et leurs souffrances, il y avait ceux dont l'uniforme s'ornait d'une croix pectorale.Parmi eux : le père Delarue, aumônier du 1er régiment étranger de parachutistes (1er Rep), dissous en raison de sa participation au putsch d'avril 1961. Et le père Casta, qui reçut en avril 2004,dans la cour d'honneur des Invalides, des mains de Jacques Chirac, président de la République, les insignes de grandcroix de la Légion d'honneur.
Homme d’église, il voulait servir son Dieu…Homme de guerre, il voulait défendre son pays…Il est devenu aumônier parachutiste…
La biographie d’un aumônier parachutiste, né à Calenzana, en Corse, engagé volontaire au 1erBPC qui, sous l’anonymat de la tenue de combat camouflée, a été confronté aux dures réalités de la guerre des neiges de l’Alsace aux djebels d’Algérie, en passant par les rizières indochinoises. Ses cinq années en Indochine et en Algérie l’on conduit à une réflexion profonde sur l’usage de la force pour maîtriser le cycle infernal et vicieux de la violence, dont la modernité n’échappera pas au lecteur en dépit des mutations du contexte actuel. Aujourd’hui, la lutte contre le terrorisme s’est substituée aux conflits entre États. Le guerrier destructeur d’hier est devenu un fréquentable soldat de la paix. Pourtant, les méditations du Père Casta sur la maîtrise de la force comme sur le caractère non seulement intrinsèquement pervers, mais inefficace à terme, voire gravement contreproductif,de certaines méthodes violentes d’extorsion du renseignement ou de lutte antiterroriste, sont rendues plus utiles encore par la complexité croissante des opérations militaires, et par le relativisme ambiant qui érode les normes,dénature les références, et banalise les repères éthiques et déontologiques. Par la lecture approfondie du Drame spirituel de l’Armée, nos officiers susceptibles d’être appelés à des fonctions de commandement à Kaboul, à Naqura, à Pristina, à N’Djamena ou à Bouaké, apprendront l’importance de s’être préalablement armés spirituellement et moralement pour se préparer à réagir avec justesse et discernement à des situations de crise inattendues, pour la pertinente résolution desquelles il est essentiel d’être parfaitement formé à la déontologie du métier de soldat, comme aux règles de la profession des armes exercée au profit d’un gouvernement démocratique, respectueux du droit international, mais aussi nourri de convictions éthiques fermes et éclairées. Né à Calenzana, en Corse, en 1919, engagé volontaire au 1erBPC en novembre 1944, le père Casta est désigné aux fonctions d’aumônier parachutiste au 19eBPC en 1945. Après l’Indochine et l’Algérie, il obtiendra son doctorat de Théologie et exercera son culte en Corse. Il est pensionnaire à l’INI.
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J'ai trouvé cela, dans une librairie catholique

François Casta, grand croix de la Légion d'Honneur, a participe à la guerre d'Indochine, puis à celle d'Algérie et publié en 1963 un ouvrage intitulé "Le drame spirituel de l'Armée", fruit de ses réflexions sur ce qu'il a vécu. Ce livre est aussitôt interdit.


C'est ce texte que l'auteur nous donne aujourd'hui, précédé d'une première partie biographique François Casta, corse, prêtre, s'engage en 1944 comme brancardier, pour participer aux derniers combats contre l'Allemagne. Et en 1947, il signe de nouveau un contrat pour l'Indochine, mais comme parachutiste, et aumônier. Blessé deux fois, il est rapatrié sanitaire en janvier 1953. Il ne participera pas à la fin de cette "sale guerre coloniale", mais rencontre en France tous les officiers, et beaucoup d'hommes, qu'il a connu là-bas et qui lui racontent leur drame : avoir abandonné aux communistes Vietminh les Vietnamiens qu'ils avaient juré de protéger. Or on sait ce qui est arrivé aux malheureux qui avaient cru en la France… Après plusieurs refus, Casta est accepté en juin 1956 pour rejoindre la 25e Division Parachutiste en Algérie. En vingt pages, il nous fait découvrir ce qu'est la guerre révolutionnaire, la torture et la trahison des supérieurs et des clercs.

Pourquoi ce livre n'a-t-il pas été publié, parce qu'interdit, en 1963 ?
Parce que devant le drame de la guerre et de ses conséquences, en particulier la torture qu'il dénonce, il démontre la responsabilité du Gouvernement, des parlementaires, de la hiérarchie militaire et des évêques de France qui ont gardé le silence.
Dans ce livre intitulée "Le drame spirituel de l'Armée", publié en 1963, puis aussitôt interdit, l'auteur rappelle le serment fait par les officiers aux Vietnamiens de les défendre contre les Communistes et qu'ils ont abandonnés sur ordres, et les drames personnels que cela engendra (déportation dans des camps, massacres, fuite par tous les moyens, "boats peoples…). En Algérie en 1961, ces mêmes officiers n'auraient pas voulu que se reproduisent les mêmes drames, ce qui explique le putsch de 1961 puis l'OAS, qu'il condamne bien sûr. Il apporte le commencement d'une réponse chrétienne à la violence de notre époque et ses méditations sur les fonctions de commandement qui devraient être inculquées à tous les responsables, civils et militaires, qui jouent un rôle dans la conduite de la guerre.

Un ouvrage tout à fait remarquable dont il faut conseiller la lecture aux jeunes qui n'ont sans doute pas compris, lorsqu'ils l'apprennent en cours d'Histoire, l'attitude des officiers trop vite qualifiés de "rebelles". Les anciens seront heureux de mieux comprendre un épisode de l'Histoire qu'ils ont vécu, raconté ici avec autant de clarté.
SOUVENIR DE FRÈRES D'ARMES:

J’apprends avec une infinie tristesse le décès du Père Casta.
Je ne peux m’empêcher de le revoir , fin 1947 début 1948, .
Cela se passait à la Concession, près du Grand Lac à Hanoï, où était cantonné le 1/1er RCP
Accompagné du Père Mulson, parfois du Père Jégo, Il s’installait pendant des heures à la Bibliothèque du Diocèse d’Hanoi . Et tous trois recherchaient les documents pouvant être utiles pour la constitution du dossier de reconnaissance de Saint-Michel comme Patron des Parachutistes.
Ils revenaient , souriants , quand la récolte avait été fructueuse et nous nous mettions en forme des fiches que je tapais sur une vieille machine Remington récupérée je ne sais où .
Ces fiches étaient ensuite envoyées par la voie hiérarchique ecclésiastique depuis l’Aumônerie Militaire jusqu’à l’Archevêché de Paris qui les transmettait au Vatican .
Je me souviens encore la joie qui était la nôtre lorsque nous recevions par le vaguemestre les tubes en carton contenant les réponses favorables .
Mon Dieu que c’est loin tout cela .
Je ne parlerai pas davantage du Père Casta et de ses tourments. D’autres l’ont déjà fait et bien mieux que je n’aurais su le faire .
Il est allé rejoindre celui pour qui il a tant œuvré et qui lui réservera certainement la place de choix qu’il mérite .Très grosse perte pour les paras français ,
rappel pour ceux qui ne le connaissait pas:

Le "Padre" François Casta


Né le 20 août 1919 à Calenzana, en Haute-Corse, François Casta est appelé par sa vocation dès l’adolescence : il sera missionnaire. Il entre au séminaire, à Ajaccio puis à Clermont ; il est ordonné prêtre en juin 1943. Mais l’armée l’attire également. Déjà, marqué par l’exemple du père de famille, grand mutilé de guerre, le frère cadet de François, Dominique, s’est engagé dans les chasseurs alpins en 1939, à 17 ans.Un an plus tard, son courage lui vaut de devenir le plus jeune caporal-chef de France. Il poursuivra sa carrière dans la Résistance, les armées de la Libération et pour finir, en Indochine, dans les parachutistes coloniaux. L’abbé François Casta, lui, signe le 15 novembre 1944 un engagement pour la durée de la guerre au 1er bataillon de chasseurs portés (1er BCP), où il sera “brancardier détaché pour l’exercice du culte catholique”. Un engagement qui va le mener loin.Au début de 1945, en Alsace, un éclat d’obus lui traverse la poitrine. Guéri, il rejoint son unité (les chasseurs portés sont devenus chasseurs alpins) et, le 8 mai 1945, il célèbre la messe de la victoire sur les rives du lac de Constance.

Il pourrait quitter l’armée. Il y reste. Promu sous-lieutenant, volontaire pour servir dans les parachutistes, il rejoint l’Indochine en mars 1947. Et devient, en juillet suivant, l’aumônier du 1er bataillon parachutiste de choc. En septembre, il est breveté parachutiste. Il lui revient l’honneur de préparer le dossier qui fera de saint Michel, l’archange vainqueur du dragon, le patron des troupes aéroportées.

Bientôt aumônier du 1er régiment de chasseurs parachutistes (1er RCP), François Casta est promu capitaine en avril 1949. En 1952, il se trouve dans le camp retranché de Na San, au Tonkin, que 12 000 hommes commandés par le colonel Gilles sont chargés de défendre contre trois divisions Viêt-minh, trois fois plus nombreuses mais dispersées. Ces dernières se disloquent sur les défenses et la victoire reste aux Français. Une victoire empoisonnée car, dix-huit mois plus tard, le haut commandement voudra renouveler l’expérience de Na San à Diên Biên Phu.

Cette défaite, François Casta aura la chance de ne pas la vivre. En avril, devenu l’un des officiers parachutistes les plus chevronnés du corps expéditionnaire, blessé deux fois, titulaire de plusieurs citations et promu officier de la Légion d’honneur, il est rapatrié. Après un long congé, il rejoint en Algérie le 3e bataillon étranger de parachutistes (3e BEP), en partance pour l’Indochine. Ne pouvant l’accompagner, il quitte les troupes aéroportées, avant de les retrouver en juin 1956, au sein de la 25e division parachutiste (25e DP).
Au cours d’un séjour de quatre ans en Algérie, François Casta va vivre toutes les expériences. Celle de la guerre traditionnelle, opposant des unités constituées, comme à Souk Ahras, cette bataille des frontières, en 1958, qui va durer dix jours. Celle, surtout, de la guerre révolutionnaire et psychologique, qui va soumettre sa conscience de chrétien et de prêtre à la plus dure des épreuves. Car il s’agit, dans ce type de conflit, d’aller débusquer le terroriste, le commissaire politique et les membres de l’organisation politique et administrative de l’ennemi au sein même des populations dans lesquelles ils s’abritent, selon la formule de Mao, « comme le poisson dans l’eau ». Avec tous les risques de débordements que cela implique.

Une mission remplie sans enthousiasme

Dès la fin de 1956, avant même le déclenchement de la bataille d’Alger, pour laquelle le général Massu et ses parachutistes recevront tous les pouvoirs afin de juguler le terrorisme, le père Casta rencontre Robert Lacoste, ministre résident en Algérie, afin de lui faire part de ses préoccupations. Nommé par le président du conseil socialiste Guy Mollet, Lacoste lui montre un plan du “Grand Alger” : « À partir de cette carte, il fallait tout mettre en oeuvre pour arrêter le carnage permanent du terrorisme urbain. Pour le juguler, il fallait d’abord l’anticiper. La recherche du renseignement est faite pour ça. Pour l’obtenir, il faut, si le suspect refuse de parler spontanément, l’y contraindre. » Ainsi, le pouvoir civil a pris ses responsabilités. Aux militaires de prendre les leurs ! Une mission que les officiers parachutistes, formés pour le combat et non pour des tâches de police, rempliront avec efficacité, mais sans enthousiasme. Et dont ils porteront cependant, devant l’opinion publique de gauche, travaillée par les partisans de l’indépendance de l’Algérie, l’écrasante responsabilité. Laquelle devait être étendue ensuite, dans un souci de culpabilisation collective, à toute l’armée française d’Algérie.
La réflexion de François Casta le conduit à distribuer en 1958, à dix exemplaires seulement, un document intitulé Conscience chrétienne et Guerre révolutionnaire. En septembre 1960, il quitte l’Algérie, qu’il ne reverra plus, pour rejoindre la 11e demi-brigade parachutiste de choc (11e DBPC) à Calvi. En 1962, les éditions France-Empire publient ce document sous le titre le Drame spirituel de l’armée.Or,ce livre est interdit par le ministre des Armées, Pierre Messmer,bien que l’évêque d’Ajaccio, Mgr Llosa, lui accorde son imprimatur.

Seul le climat brûlant de l’époque (le développement de l’action de l’OAS, consécutive à l’échec du putsch des généraux en avril 1961) peut expliquer l’interdiction prise par le ministre. Loin en effet d’être un brûlot, l’ouvrage de François Casta, publié à nouveau aujourd’hui sous la même couverture que sa biographie, apparaît d’abord comme une analyse précise de la guerre révolutionnaire et de la méthode permettant d’y faire face. On y trouve aussi un ensemble de considérations sur les problèmes moraux posés à l’armée, et notamment aux officiers, dans la lutte contre une guérilla révolutionnaire. François Casta cite les instructions données aux jeunes officiers sortant de l’École d’application de l’infanterie pendant la guerre d’Algérie :«Tout chef, tout combattant, doit penser que le but final est de construire. […] Les troupes “opérationnelles” ne doivent pas casser, en un jour, plusieurs mois de travail effectué par les unités de quadrillage. »

Ainsi, sur le terrain, le souci d’efficacité rejoignait-il la nécessité de conserver des repères éthiques. Cela n’empêcha pas des excès. François Casta témoigne qu’ils furent la plupart du temps le fait de troupes mal aguerries et mal encadrées, et non d’unités de choc commandées par des soldats d’élite dont beaucoup avaient connu la guerre d’Indochine. Ces mêmes repères s’imposaient encore plus dans la lutte contre le terrorisme urbain,puisque sans le renseignement, « toute action est non seulement vouée à l’échec, mais impossible ». Sans doute y eut-il alors, parmi les hommes engagés dans cette guerre différente des autres, de vrais sadiques. Il y eut surtout des soldats conscients de la grandeur et des servitudes du métier militaire, des officiers semblables au centurion de l’Évangile que le Christ, loin de le repousser en raison de son uniforme, enveloppe dans sa bienveillance en guérissant son serviteur.
Les officiers parachutistes lancés dans la guerre d’Algérie connaissaient tous la prière écrite par André Zirnheld, agrégé de philosophie, engagé dans les paras de la France libre, tué au combat en Libye : «Donnez-moi, mon Dieu, ce qui Vous reste / Donnez-moi ce qu’on ne Vous demande jamais. / Je ne Vous demande pas le repos / Ni la tranquillité / Ni celle de l’âme, ni celle du corps. / Je ne Vous demande pas la richesse / Ni le succès, ni même la santé. […] / Je veux l’insécurité et l’inquiétude. / Je veux la tourmente et la bagarre / Et que Vous me les donniez, monDieu, définitivement. […] »

En écho, la prière trouvée sur le corps du capitaine Bourgin, l’une des figures de proue de la Légion,profil de médaille et barbe de conquistador, soldat et poète qui publiait sous le pseudonyme “von Palaïeff ”, tué en 1959 près de Souk Ahras à la tête de la compagnie portée du 2e régiment étranger de parachutistes (2e Rep) : « Les autres peuvent bien être sages, / Vous m’avez dit d’être fou. / D’autres croient à l’ordre, / Vous m’avez dit de croire à l’amour. / D’autres pensent qu’il faut conserver, / Vous m’avez dit de donner. […] »

Jeanpierre, Bigeard, Saint Marc, Bourgin et bien d’autres : tous faisaient la guerre sans haine.Pour assister ces hommes,partageant leurs dangers et leurs souffrances, il y avait ceux dont l’uniforme s’ornait d’une croix pectorale.Parmi eux : le père Delarue, aumônier du 1er régiment étranger de parachutistes (1er Rep), dissous en raison de sa participation au putsch d’avril 1961. Et le père Casta, qui reçut en avril 2004,dans la cour d’honneur des Invalides, des mains de Jacques Chirac, président de la République, les insignes de grandcroix de la Légion d’honneur.
Ecoutons la prière des PARAS:vidéo réalisée par votre rédacteur en chef, ancien parachutiste, à partir de photographies personnelles.
La section qui chante était celle que je commandais.



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                                                  à Dieu PADRE
  A toutes celles et ceux qui étaient proches du Père Casta, j'adresse mes très sincères condoléances.

Nul doute qu'il soit déjà auprès de Saint Michel..

                                                              


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